ThéoQuant

Depuis 1993 jusqu'à 2011, la publication des actes de Théo Quant a été l'occasion pour les participants aux Rencontres de proposer des articles scientifiques. Cependant, au fil du temps, la priorité donnée aux articles de revues est devenue plus importante et l'intérêt des actes pour les participants a diminué. C'est pourquoi depuis 2013, les Rencontres de Théo Quant focalisent sur l'événement lui-même, sans publication des actes.

Huitièmes Rencontres 2007


Rémi Lhotellier
Résumé
Dans un processus de spatialisation de données climatiques à partir de mesures relevées ponctuellement, il est nécessaire de prendre en compte tous les niveaux d'imprécision et d'incertitude inhérents à chacune des étapes de la modélisation, de la mesure en elle-même jusqu'à la validité du champ obtenu. Le contexte de travail, à savoir le type de données utilisées, l'échelle d'étude ou encore le relief du terrain, doit permettre de mettre en évidence les incertitudes cumulées au sein de ce processus, mais également de pouvoir les quantifier et les cartographier. Toute carte thématique doit ainsi s'accompagner d'une carte de qualité d'estimation. Le cas présenté concerne la spatialisation de la température de l'air sur quatre départements français essentiellement alpins.


Aleksandra Barczak
Résumé
Le ruissellement pluvial se situe parmi les risques urbains à forte composante anthropique. Cette communication se propose d'apporter un élément d'évaluation de l'aléa ruissellement à travers une analyse d'un processus hydrologique élémentaire : le cheminement de l'eau depuis les points où elle tombe sur la surface du bassin versant jusqu'à son exutoire. Pour retracer le parcours de l'eau à travers la ville une procédure de construction d'un graphe hydrologique urbain sera proposée. Grâce à l'analyse des réseaux il nous sera possible de décrire le cheminement de l'eau en trois dimensions, en tenant compte de la formation du ruissellement sur les surfaces urbaines ou naturelles, du ruissellement concentré sur les versants et sur les routes et enfin de son parcours souterrain avant de gagner le milieu récepteur. L'information spatiale obtenue ainsi sera par la suite exploitée pour étudier différents paramètres hydrologiques, pour analyser la morphologie des réseaux et enfin elle servira de base pour la mise en place d'un modèle hydrologique.


Florian Tolle, François Pierre Tourneux
Résumé
Les processus épidémiologiques sont de plus en plus fréquemment abordés à l’aide des outils de la statistique spatiale et de la modélisation. Ces travaux ont généralement pour but de mettre en évidence des foyers de contamination et d’identifier des variables pouvant expliquer leur présence. Le caractère binaire des données sanitaires nécessite la mise en œuvre de méthodes spécifiques comme la régression logistique binaire, qui permet d’attribuer à chaque échantillon une probabilité de présence de l’agent pathogène d’intérêt. La classification postérieure de chaque échantillon nécessite le choix d’un seuil de probabilité pour définir le caractère à risque ou sans risque des observations. La méthode ROC permet de définir ce seuil et de comprendre précisément les conséquences de ce choix. À partir d’une base de données épidémiologique ponctuelle, plusieurs modèles ont été générés et testés. Des indices paysagers ont été dérivés dans l’environnement des points à trois échelles d’analyse. Les probabilités attribuées à chaque échantillon par les modèles ont été représentées spatialement ce qui donne un outil d’interprétation de la répartition attendue des échantillons contaminés. Les variables identifiées à ces trois niveaux d’échelle ont conduit à ébaucher des hypothèses quant aux facteurs paysagers qui entrent en jeu dans les processus épidémiologiques. L’apparition de foyers de risque potentiel constitue un premier résultat.


Élise Beck, Christiane Weber, Michel Granet
Résumé
Les risques en milieu urbain constituent une préoccupation grandissante, qui mérite de dépasser le stade de l'étude mono-sectorielle, ne prenant en compte qu'un seul risque à la fois. En effet, au vu des effets dominos observés ces dernières années, il est nécessaire d'étudier les risques selon une vision globale et d'identifier les éventuels effets dominos susceptibles de se produire. Dans le cadre de cette recherche, notre objectif a consisté à identifier les accidents industriels susceptibles de se produire suite à un tremblement de terre majeur. Fondée sur la détermination de la vulnérabilité physique aux séismes et sur la caractérisation de la fonction des bâtiments, cette méthode a été appliquée à l'agglomération de Mulhouse, exposée à sept aléas de nature différente. Les résultats obtenus indiquent que quatre accidents pourraient survenir suite à un séisme ; le scénario majorant correspond à une diffusion de substances toxiques dans un rayon de 130 m autour d'un des bâtiments d'un site industriel localisé dans l'ouest de Mulhouse. Ainsi, les effets n'atteindraient pas le secteur résidentiel qui avoisine le site industriel mais dépasseraient légèrement l'emprise du site au nord.


Virginie Cremades
Résumé
Cet article synthétise les premiers résultats d’une recherche comparée sur l’offre culturelle urbaine en Europe. Prenant en compte une définition au sens large de la culture, l’offre est étudiée à travers un panel non exhaustif d’équipements culturels pérennes (musées…) et périodiques (festivals…), mais aussi des manifestations exceptionnelles (capitale européenne de la culture…). Elle porte sur un ensemble de 244 agglomérations européennes de plus de 200 000 habitants dans les 27 pays de l’Union Européenne, de la Suisse et de la Norvège. Le but de cette recherche est de voir si, à l’heure actuelle, dans un contexte de mondialisation, nous sommes face à une offre culturelle homogène ou différenciée dans les moyennes et grandes agglomérations européennes. Elle pose également la question du rôle de la hiérarchie urbaine et du rôle des fonctions urbaines dans cette offre. Des analyses statistiques multivariées ont été réalisées sur les données collectées. Les premiers résultats montrent un lien entre l’offre culturelle (quantitative) et la hiérarchie urbaine, mais il est nécessaire de le nuancer au niveau de sa diversité (qualitative).


Elodie Cochey, Kamila Tabaka
Résumé
Les recherches récentes sur les mobilités quotidiennes ont démontré que les stratégies individuelles de mobilité sont centrées autour des programmes d’activités. En France, les Enquêtes Ménages Déplacements (EMD) sont l’une des principales sources d’information concernant les comportements de mobilité. Bien que ces enquêtes n’aient pas été conçues pour analyser les programmes d’activités, elles fournissent une source de données spatio-temporelles importante mais qui nécessite d’être aménagée. Cette étude se base sur l’Enquête Ménages Déplacements réalisée dans la région grenobloise en 2002. Nous proposons d’explorer la mobilité quotidienne des habitants de Grenoble en sélectionnant quelques exemples individuels afin de montrer comment l’espace et le temps sont utilisés dans l’organisation des activités au cours de la journée. Pour cela, trois approches vont être abordées : l’approche spatiale, l’approche temporelle et l’approche spatio-temporelle. Nous utilisons un outil de visualisation appelé Traj’Net, à la suite d’une étape d’analyse exploratoire multidimensionnelle qui a permis de distinguer différents profils de comportements de la mobilité quotidienne. Les trois types de représentation proposés sont complémentaires et aident à la comparaison des usages de l’espace et du temps par les individus. En outre ils soulèvent de nouvelles questions pour les études futures des trajectoires spatio-temporelles.


Elisabeth Chesneau
Résumé
Les cartes sont conçues et utilisées dans de nombreux domaines (géographie, histoire, économie, écologie, etc.). Certains des thèmes abordés sont particulièrement difficiles à cartographier, notamment parce que les données sont nombreuses et en superposition, comme dans les cartes représentant des risques. Ceci conduit souvent à des cartes peu lisibles et donc à une utilisation malaisée. Nous proposons de rechercher les paramètres qui entrent en jeu dans la lisibilité cartographique, en particulier le rôle de la couleur. Pour cela, nous choisissons une approche interdisciplinaire (cartographie, psychologie, peinture) qui nous amène à définir deux types de données de référence : une palette de couleurs et une théorie sur leurs contrastes, celle du peintre suisse Itten. Etant donné cette base de connaissances, un modèle d'amélioration automatique des contrastes de couleur dans les cartes est créé : au cours de cycles itératifs, les plus mauvais contrastes colorés de la carte sont améliorés. Un prototype ARiCo, développé pour les cartes de risque, sert de validation à notre modèle.


Marie-Noëlle Comin, Joël Boulier
Résumé
La proximité est un concept relatif et très variable d'un milieu géographique à un autre. En règle générale, la définition de la proximité retenue dans les études de localisation optimale est celle du site d'offre le plus proche. Ainsi, les modèles de localisation-affectation, tels que celui de la p-médiane, allouent, en règle générale, la population concernée au site d'offre le plus proche. Dans cet article, nous proposons une approche relative du concept de " proximité " dans le domaine de la localisation optimale, ce qui revient à la définir en fonction du contexte spatial propre de chaque point de demande. Pour ce faire, il s'agit de modifier la règle d'allocation de la demande aux sites d'offre en introduisant une notion de seuil naturel propre à chaque point de demande. Ce seuil naturel représentant un saut distinct dans l'ordre des distances à parcourir d'un point de demande vers un site d'offre. Toutefois, cette approche de la proximité demeure une piste de recherche puisque qu'elle n'a pas encore fait l'objet d'une validation rigoureuse requérant une réelle confrontation avec la réalité, notamment par le biais d'une étude minutieuse du comportement spatial des utilisateurs.


Cyrille Genre-Grandpierre, David Perrussel-Morin
Résumé
Dans cet article la ville est définie comme un potentiel d'interactions, comme une capacité à entrer en contact avec l'autre. Ce niveau de potentiel dépend certes de la densité de population (ce qui explique que densité rime souvent avec urbanité) mais aussi des capacités de déplacement. C'est pourquoi nous proposons une exploration fonctionnelle et non morphologique des espaces urbains et périurbains à travers le calcul du potentiel d'interactions sociales (PIS). Être en ville revient alors à disposer en un lieu d'un certain niveau de PIS, ce qui peut déboucher sur une tentative de délimitation fonctionnelle de l'urbain. Après avoir défini le PIS comme le nombre d'individus avec qui il est possible d'enter en contact en 20 minutes au départ d'un point avec un mode de transport donné, nous étudions les variations spatiales et historiques du PIS. Les variations du PIS sont ensuite abordées d'un point de vue économique, les capacités de déplacement étant alors limitées par le budget des individus. Enfin, nous cherchons à séparer dans les valeurs observées des PIS, la contribution respective de la distribution de la population et du réseau routier, ce qui nous conduit à la conclusion que la ville est avant tout faite de vitesse plus que de configurations spatiales.


Jean-Baptiste Litot, Arnaud Piombini
Résumé
Quintessence de l'imaginaire touristique, la carte postale paysagère est un support encore peu utilisé en sciences humaines et sociales, voire totalement inusité en géographie. Pourtant, véhicule privilégié de l'image d'un lieu dans un autre lieu, cette dernière est à même d'éclairer nos connaissances sur la structuration du territoire touristique, sa promotion ou encore les mécanismes intervenant dans la diffusion spatiale de l'image des sites. Ainsi, nous montrons les possibilités offertes par ce support peu commun tout en identifiant les facteurs de médiatisation paysagère. Pour cela, nous proposons une méthode statistique permettant de mesurer et pondérer le poids des différents facteurs testés. Les résultats obtenus montrent le rôle essentiel de facteurs à priori évidents comme la distance entre les sites touristiques et les points de vente mais d'autres facteurs moins prévisibles ont également une influence notable, c'est le cas du paysage.


Pierre-Olivier Mazagol
Résumé
La gestion d’un territoire comme les Hautes Chaumes du Forez, présentant une certaine singularité, passe par une bonne compréhension des facteurs et processus qui participent à son organisation. Nous proposons ici une méthodologie, centrée sur le processus Pegase, mettant en évidence les variables physiques et anthropiques jouant un rôle primordial. En utilisant la notion d’entropie spatiale, nous montrons l’importance des effets d’échelles, leur prise en compte permettant la sélection de ces variables que nous appelons dominantes.


Cécile Tannier, Gilles Vuidel, Pierre Frankhauser
Résumé
Cet article s’intéresse à l’identification de l’enveloppe de tissus bâtis, que nous définissons comme la limite d’un ensemble présentant une structure spatiale cohérente à travers les échelles. Nous abordons cette question d’un point de vue purement morphologique, dans le cadre d’une approche multi-échelle. Après avoir, dans un premier temps, posé le contexte de la recherche, nous présentons les principes méthodologiques à la base de l’identification de l’enveloppe de tissus bâtis. La première étape de la méthodologie, à savoir la dilatation pas à pas du tissu bâti étudié, est décrite brièvement. L’accent est mis sur la deuxième étape, qui est celle de l’identification d’un seuil dans la courbe issue des dilatations. Le troisième chapitre de l’article est l’occasion de présenter quelques exemples d’application de la méthodologie à des cas théoriques, tandis que le quatrième et dernier chapitre s’intéresse à l’application pour la délimitation morphologique des agglomérations.


Laure Casanova
Résumé
L'introduction des principes de développement durable au sein de l'aménagement du territoire a entraîné la multiplication des démarches d'évaluation et de prospective des territoires. Les fondements théoriques et méthodologiques de ces approches n'étant pas consensuels et stabilisés, les procédés d'analyses sont la plupart du temps difficilement reproductibles et les résultats peu opérationnels. Cette position de recherche propose un exemple d'approche renouvelée de l'évaluation territoriale en mobilisant des outils de l'analyse spatiale. Un indicateur prospectif de l'état des territoires est élaboré puis testé sur l'espace de Provence-Alpes-Côte d'Azur.


Maryline Filippi, Olivier Frey, Pierre Triboulet
Résumé
Les processus de localisation-délocalisation des activités témoignent de l'influence de l'espace dans les stratégies des entreprises. Le développement sous forme de groupes d'entreprises et la multiplication des opérations de fusion-acquisition modifient l'organisation spatiale des firmes. Ce papier vise à analyser les modes d'inscription spatiale des groupes d'entreprises. Son cadre conceptuel est celui de l'analyse de la proximité et des théories de la firme. L'étude porte sur les groupes coopératifs agricoles dont l'ancrage territorial est en question du fait du développement important de la filialisation. Les groupes sont identifiés à partir des bases de données nationales (LIFI et EAE 2003). Deux indicateurs sont proposés pour mesurer l'inscription spatiale des groupes en lien avec les activités développées et les différentes unités d'analyse (établissement, entreprise, groupe). Les résultats soulignent un ancrage fort autour des coopératives têtes de groupe. Cet ancrage est cependant à relativiser du fait d'un basculement possible des logiques spatiales dans les grands groupes coopératifs qui concentrent une part croissante de l'activité.


Geoffrey Caruso, Mohamed Hilal
Résumé
We propose a calibration method for a residential growth model that is grounded on a micro-economic cellular automaton. This model can be seen as a spatial and dynamic representation of an urban economic model with neighbourhood externalities. A 2D spatial equilibrium of residential locations is obtained stepwise through time instead of being a one-shot instantaneous equilibrium. Previous research work showed that the model can produce more or less dense and fragmented urban patterns depending on the preference of households for open space. We propose here a method for calibrating those preferences from simulations of the model and land rents observed within the Dijon urban area. More precisely, equilibrium properties of the model are used to derive the elasticity of open-space preferences. Then simulations are used to estimate the neighbourhood distance to which open-space are valued by households. Our first results tend to support our residential behaviour assumptions and tend to be in accordance with results obtained with more classic methods. Further methodological improvements are however needed.


Maxime Forriez, Philippe Martin
Résumé
La loi de puissance (et spécialement la loi rang-taille) est utilisée dans de nombreuses modélisations empiriques en géographie. Souvent, on peut observer une oscillation des points expérimentaux sur les graphiques bi logarithmiques. Jusqu'alors ces oscillations étaient interprétées comme des artefacts. Grâce à des développements mathématiques récents, on peut modéliser ces fluctuations par une loi fractale log-périodique comme nous allons le montrer.